La faneuse



"L'horizon". Photo Clara Pagnussatt

Vue d'exposition. Photo Clara Pagnussatt

La génétique. Photo Clara Pagnussatt

Vue d'exposition. Photo Clara Pagnussatt

"Nuage de ciguë". Photo Clara Pagnussatt

"L'horizon". Photo Clara Pagnussatt

Vue d'exposition. Photo Clara Pagnussatt


La Faneuse
Cécile Hug 
ICI Galerie

Trouver sans avoir cherché, c’est trouver deux fois. Lorsqu’il s’agit d’un objet personnel, voire intime, c’est encore se retrouver soi-même, un peu. De cette expérience familière souvent anodine, il peut, avec le temps, comme une graine tombée à terre au gré du vent, surgir un germe qui fera son chemin.
Les photographies d’enfance de Cécile Hug sont comptées : à peine une quinzaine d’images, toutes regroupées dans un album. Un jour, au hasard d’un rangement, elle tombe sur la photo isolée d’une petite fille s’attelant à un tas de foin. Ce souvenir s’avère fécond chez celle qui se définit comme artiste cueilleuse, dont tout le travail tourne autour de la cueillette. Des végétaux, des insectes, des parties du corps recueillies dans des moulages qu’elle parsème au sol, à la manière d’un parterre de fleurs. Une telle foison, au fil du temps, annonce une moisson.
Il y a une noblesse dans la récolte du blé qui constitue la nourriture première de l’humain. La fenaison est un acte plus humble, une récupération de ce qui nourrit l’animal. Cependant il y a plus humble encore, le glanage. Un par un, les épis négligés sont recherchés le plus souvent par des femmes, des enfants, des oiseaux, loin de l’abondance des moissons.
Car si les œuvres de Cécile Hug évoquent les étendues dorées à perte de vue, la vue n’y trouve qu’un seul épi. Et l’on comprend que la faneuse est avant tout glaneuse, passant du geste horizontal du fauchage des herbes au mouvement vertical qui est comme une révérence devant la nature : la glaneuse scrute, distingue, s’abaisse, ramasse, se relève enfin. Et, se relevant, elle se voit, dans son indigence, revêtue d’une dignité nouvelle que lui confère cette proximité avec la nature, à l’instar de l’esclave hégelien qui par son intelligence de la nature acquise dans le travail imposé, devient supérieur au maître1. Ainsi, rien ne se perd tout est à prendre, à cueillir, comme le jour.
Cécile Hug dialogue avec la nature végétale et animale à travers les sens. L’œil qui a vu se fait témoin. Et si parfois les yeux se ferment ce n’est pas pour abandonner la nature mais pour mieux s’abandonner à elle, aux textures à la fois douces et revêches des épis, aux piaillements des oiseaux glanant un à un les grains délaissés, à l'enivrante « odeur amoureuse des foins coupés qui [s'exhale] matin et soir autour de la ferme »− la sensualité, toujours présente dans l’œuvre de Cécile Hug, est ici suggérée par les foins où les amants se cachent, à la fois le lieu qui suscite et accueille leurs ébats.
Ainsi, La Faneuse convoque une anthropologie écologique à travers ce dialogue du corps avec la nature aussi bien qu’une dimension historique du corps attelé aux travaux agricoles dont témoignent les représentations naturalistes du XIXème siècle3, avant l’industrialisation et les dérives de la surproduction. Elle se reconnaît par ailleurs dans le regard contemporain de Giuseppe Penone, qui double son œuvre amoureuse d’un regard amoureux sur la nature ; seulement, ses feuilles de laurier prolifèrent dans un espace clostandis que dans les murs limités qui accueillent l’œuvre de Cécile Hug s’ouvre devant nos yeux un ample horizon d’épis verts, comme une promesse.
Loin d’une vision nostalgique, cette œuvre nous interpelle aujourd’hui. Chaque épi de blé se présente à nous, dans sa petitesse, comme une exaltation de la beauté de la nature qu’il nous faut préserver des atteintes qui la menacent. Adossés aux plumes de l’oiseau et aux cils des yeux humains, ils sont prolongation de la vie dans le vivant.

Clara Pagnussatt, commissaire d’exposition indépendant

In G.W.F Hegel La phénoménologie de l’esprit, 1807André Theuriet La Maison des deux barbeaux, 1879Jean-François Millet Des glaneuses, 1857 ; Jules Bastien-Lepage Les foins 1877 Giuseppe Penone Respirer l’ombre 1999, Centre Pompidou

So

Le centre du bout du monde
Commissaire d'exposition : Frédéric Develay
Portugal
Du 26 juillet au 17 août 2019


© cécile hug
© cécile hug

Effacement

Curatrice : Wanda Mihuleac
Marché de la poésie
Juin 2019

© cécile hug

Femme, femme, femme

Galerie Satellite
Commissaire d'exposition : Marie Kawazu
Du 16 mars au 13 avril 2019

© cécile hug

Avec : 
Fur Aphrodite, Agnès Aubague, Denise.A.Aubertin, Isabelle Audouard, Tamina Beausoleil, Corine Borgnet, Sarah Cassenti, Cecile Chagnaud, Cozette de Charrmoy, Garance Clavel, Pip Culbert, Jessy Deshais, Maria Faustino, Esther Ferrer, Bernadette Février, Corinne Fhima,Hortense Gauthier, Cecile Hug, Tomoko Ishihara, Tata Jacqueline, Marie Kawazu, Yumiko Kimura, Sachiho Kondo, Yayoi Kusama, Veronique Legendre, Nadine Lère, Les Idiotes, Gudrun von Maltzan, Jackie Matisse, Geneviève Morgan, Sawa Nakanishi, Hiromi Nakano, Akiko Okano, Ria Pacquée, Titi Parant, Celine Paul, Geneviève Reille-Taillefer, Piet So,Soizic.K, Jeanne Susplugas, Tsuneko Taniuchi, Chié Tanaka, Bonnie Tchien, Giséle Toulouzan, Tamae Watanabe, Teresa Wennberg, Mai Yasukuni

La beauté intermittente

Invidence
Performance avec Davide Napoli
Dans le cadre du printemps des poètes
Curatrice : Wanda Mihuleac
Au cabaret de la performance
Le 11 mars 2019

© zazoum tcherev
Avec : 
Emilio & Franca Morandi
Napoli DavideBonnie Tchien HY, Cécile Hug
Amélie Pironneau & Jacob Reymond & Martine Magtyar
Ioana Tomsa, Werner Lambersy, Siewert van Dijk

La petite collection

Galerie Bertrand Grimont 
Commissaire d'exposition : Florence Lucas
Du 6 décembre au 15 décembre 2018

© cécile hug