© cécile hug
Avec les voix de Laurence Bourgeois, Cécile Hug et Jean-Philippe Sadouxà la technique Florian Auffray
Toute la Culture
Mirabilis, exposition de Cécile Hug, entretien avec l’artiste
© Anthony Bonici
Viviane Zenner invite Cécile Hug à proposer une installation in situ au sein de l’église des Trinitaires de Metz. Dans son exposition « Mirabilis », les rayons de lumière qui traversent les vitraux illuminent mille mirabelles que l’artiste a délicatement modelé.
Pauline Lisowski : De quelle manière la nature est pour vous source d’inspiration ?
Cécile Hug : La nature est davantage qu’une source d’inspiration. Elle est source de vie. Sans elle, on ne respire pas. Je l’observe, l’écoute, lui parle aussi parfois, et tâche humblement de lui rendre hommage à travers mes créations. Je la remercie. Elle m’inspire de mille façons. Là, par exemple, depuis les Pyrénées Audoises, où je vis désormais, lorsque je regarde par la fenêtre la colline située à ma gauche, un nombre incalculable de verts s’offre à mes yeux. Ce sont ces nuances que j’ai tenté de retranscrire avec cette allée printanière présentée dans la nef des Trinitaires.
Blé, olives, coquelicots, et mirabelles à présent, se retrouvent à profusion dans mon travail. Mais avant qu’ils trouvent leur place dans mes installations ou dessins, avant que je les façonne, il y a toujours une grande phase de contemplation, d’imprégnation.
Plus je grandis et plus je m’aperçois que la nature nourrit non seulement mon travail, mais aussi mes relations aux autres. Une relation, lorsqu’elle n’est pas intimement liée à la nature, n’en est pas tout à fait une à mes yeux. Elle marque peu mes souvenirs. Alors que quand je suis auprès d’une personne, et que tous deux nous nous imprégnons ; d’un arbre, d’un chaîne de montagnes, d’une rivière, quelque chose se passe. Quelque chose s’inscrit.
PL : Vous donnez à voir l’extraordinaire multitude de coloris et de formes des fruits et des feuilles. Vous nous incitez alors à contempler la beauté de ces mirabelles qui enchantent nos papilles. Au sol, celles-ci font écho au plaisir de la cueillette. Quelle est l’origine de l’installation ?
CH : Artiste cueilleuse, c’est ainsi que je me définis. Née au bord du lac Léman, de parents vignerons, j’appris très tôt à magner le sécateur, à observer avant de choisir la juste coupe, enfant je participais aux vendanges. Mon travail me permet de prolonger ce geste transmis.
Mirabilis est née d’une rencontre. Il y a plus de deux ans, après avoir vu mon installation à partir du poème de Garcia Lorca « Arbolé, arbolé » à l’occasion de ma résidence à Bocs Art en Calabre, Italie, Viviane Zenner, commissaire de cette exposition, m’a invitée à concevoir une installation pour les Trinitaires. Je l’ai interrogée sur les ressources naturelles de Lorraine. Elle m’a répondu : les mirabelles. Ça a été l’élément déclencheur. Un univers de jaunes se déployait déjà dans mon imagination. Mille mirabelles dans le chœur de l’église, à même le sol, telle a été ma proposition. Et puisqu’avant la récolte, il y a le printemps, cette allée de feuilles, dans la nef, m’est apparue comme une évidence. Je percevais la dimension de labeur qui s’ouvrait devant moi. Un travail qui allait s’échelonner dans le temps et qui allait me permettre de poursuivre mes recherches autour des répétitions et des variations. Mirabilis a mis deux ans à éclore.
La mirabelle est le fruit emblématique de Lorraine et bénéficie d’une indication géographique protégée, IGP. À Metz, elle est célébrée chaque année au mois d’août, avec une première édition en 1947 et une pérennisation à partir de 1954.
PL : Des souvenirs de contemplation, de récolte et de dégustation de ces fruits peuvent surgir en regardant vos œuvres, au sol… Quelles références ont nourri votre travail artistique ?
CH : La rencontre avec les visiteurs messins découvrant Mirabilis a été particulièrement émouvante. La mirabelle constitue leur patrimoine naturel. Nombreux sont ceux qui ont eu envie de partager leurs souvenirs d’enfance ; des moments de cueillettes, de saveurs. Nombreux sont ceux aussi qui savent que les récoltes sont hasardeuses et précieuses. Certaines années sont marquées par des gelées tardives. Pour que les fruits arrivent à maturité, il y a tout un ensemble de facteurs climatiques qui jouent un rôle essentiel.
Ce qui a accompagné, nourri ce travail artistique, c’est avant tout l’observation de la nature. J’ai essayé de me placer au plus près d’elle, de vivre à son rythme, d’avancer peu à peu. J’aurais envie de dire qu’elle a été ma seule référence.
Au commencement, il y a eu la récolte des mirabelles. Puis la phase de moulage, suivie par celle du plâtre. Enfin je les ai peintes une à une, en m’évertuant à reproduire toutes leurs variétés de couleurs. Mais bien que certains visiteurs puissent avoir l’illusion d’être face à de vraies mirabelles, je n’ai à aucun moment eu la prétention d’égaler la nature. Car quoi de plus beau qu’un véritable parterre de fruits tombés d’un arbre ? La pérennité, c’est peut-être ce que je leur ai apporté. Alors que les cueillettes de demain sont incertaines, mes mirabelles resteront mûres au fil des saisons. L’allée de feuilles sera toujours d’un vert printanier, comme si un avenir était encore possible. Et puis, il y a cet écrin, l’église des Trinitaires.
PL : Vos œuvres témoignent d’un long travail méticuleux, délicat de façonnage, puis de positionnement. De quelle façon l’architecture des Trinitaires vous a-t-elle guidé dans la mise en scène de cette installation ?
CH : L’architecture d’une église répond à des lois précises. Son orientation, la délimitation et le rôle des différents espaces ne sont pas laissés au hasard. Tout est savamment pensé. Et c’est en pleine conscience de la valeur architecturale et symbolique des Trinitaires que j’ai investi ce lieu.
Les feuilles vertes sont disposées dans la nef. Elles se situent dans le champ accueillant les fidèles. Nous sommes du côté de l’humain. J’ai voulu donner la sensation d’un alignement parfait. Les écarts entre chaque feuille sont millimétrés. Comme si les futurs printemps ne se construiraient pas sans effort.
En revanche, dans le chœur où se déploient les mirabelles, plus de mesures. Les fruits donnent l’impression d’être tombés de l’arbre de manière aléatoire et forment une constellation inversée. Nous sommes dans l’espace sacré, surélevé. Celui dans lequel les fidèles ne pénètrent pas, pas plus que les visiteurs. La mère nature donne à voir son offrande. On peut s’en rapprocher, mais pas y accéder.
PL : En ce début de printemps, l’installation amène à regarder au sol, plutôt que vers le ciel. Les fruits sont déjà tombés de l’arbre et il suffit de s’arrêter pour percevoir la diversité de leurs formes et couleurs. Quelle sensation souhaitez-vous provoquer chez le visiteur qui découvre l’exposition ?
CH : Porter son regard vers le sol, c’est porter son regard vers la terre, là où les choses prennent racine.
Pour le visiteur qui entre dans l’enceinte des Trinitaires, je crois qu’il y a en premier lieu un appel de la couleur. Une vingtaine de mètres le sépare encore du chœur de l’église, mais il est naturellement attiré par le jaune des mirabelles. Alors il avance. Et puis quelque chose l’arrête ou du moins le ralentit. Il découvre le grand rouleau de feuilles. Elles sont là, au nombre de deux milles, pointant vers le ciel, de petites tailles, quelques centimètres à peine, humbles et fragiles. Progressivement il se rend compte du labeur. Et en reprenant sa marche, son rythme n’est plus le même.
Mirabilis est une invitation à la lenteur. Il y a un chemin à parcourir avant de parvenir aux récoltes. Prenons le temps de le contempler. La nature est généreuse, choyons-la. Et puis, essayons de rester modeste face à elle. N’oublions pas que notre vie en dépend.
PL : L’installation relève d’une certaine patience, d’une attention à chaque détail, d’où l’expérience d’un émerveillement face à l’agencement subtil des fruits et feuilles du mirabellier. Nous sommes ainsi invités à prêter attention à la beauté ainsi qu’à la fragilité des arbres fruitiers… Comment vous positionnez-vous en tant qu’artiste vis-à-vis des enjeux liés au changement climatique ?
CH : Bien que la plupart de mes œuvres donnent à voir une lueur d’espoir, je reste très pessimiste face aux enjeux liés au changement climatique. Le rapport du GIEC est on ne peut plus alarmant. La question environnementale devrait être une priorité au niveau mondial. Les dommages créés par l’humain sont hélas irrémédiables. Et que faisons-nous ? Au niveau européen par exemple, l’autorisation de la mise en culture des terres en jachères à des fins productives est proprement scandaleuse. La terre a besoin de repos.
Alors oui, je suis pessimiste. Mais j’essaie tout de même à travers mes créations de sensibiliser le public à cette question du devenir de notre planète.
La nature est précieuse. Et parce que je lui porte un amour inconditionnel, je continue à vouloir lui rendre hommage.
Mirabilis, une exposition de Cécile Hug proposée la curatrice Viviane Zenner, un projet de la galerie Des jours de lune, hors-les-murs.
A découvrir jusqu’au 8 mai à l’église des Trinitaires, Metz
Viviane Zenner invite Cécile Hug à proposer une installation in situ au sein de l’église des Trinitaires de Metz. Dans son exposition « Mirabilis », les rayons de lumière qui traversent les vitraux illuminent mille mirabelles que l’artiste a délicatement modelé.
Pauline Lisowski : De quelle manière la nature est pour vous source d’inspiration ?
Cécile Hug : La nature est davantage qu’une source d’inspiration. Elle est source de vie. Sans elle, on ne respire pas. Je l’observe, l’écoute, lui parle aussi parfois, et tâche humblement de lui rendre hommage à travers mes créations. Je la remercie. Elle m’inspire de mille façons. Là, par exemple, depuis les Pyrénées Audoises, où je vis désormais, lorsque je regarde par la fenêtre la colline située à ma gauche, un nombre incalculable de verts s’offre à mes yeux. Ce sont ces nuances que j’ai tenté de retranscrire avec cette allée printanière présentée dans la nef des Trinitaires.
Blé, olives, coquelicots, et mirabelles à présent, se retrouvent à profusion dans mon travail. Mais avant qu’ils trouvent leur place dans mes installations ou dessins, avant que je les façonne, il y a toujours une grande phase de contemplation, d’imprégnation.
Plus je grandis et plus je m’aperçois que la nature nourrit non seulement mon travail, mais aussi mes relations aux autres. Une relation, lorsqu’elle n’est pas intimement liée à la nature, n’en est pas tout à fait une à mes yeux. Elle marque peu mes souvenirs. Alors que quand je suis auprès d’une personne, et que tous deux nous nous imprégnons ; d’un arbre, d’un chaîne de montagnes, d’une rivière, quelque chose se passe. Quelque chose s’inscrit.
PL : Vous donnez à voir l’extraordinaire multitude de coloris et de formes des fruits et des feuilles. Vous nous incitez alors à contempler la beauté de ces mirabelles qui enchantent nos papilles. Au sol, celles-ci font écho au plaisir de la cueillette. Quelle est l’origine de l’installation ?
CH : Artiste cueilleuse, c’est ainsi que je me définis. Née au bord du lac Léman, de parents vignerons, j’appris très tôt à magner le sécateur, à observer avant de choisir la juste coupe, enfant je participais aux vendanges. Mon travail me permet de prolonger ce geste transmis.
Mirabilis est née d’une rencontre. Il y a plus de deux ans, après avoir vu mon installation à partir du poème de Garcia Lorca « Arbolé, arbolé » à l’occasion de ma résidence à Bocs Art en Calabre, Italie, Viviane Zenner, commissaire de cette exposition, m’a invitée à concevoir une installation pour les Trinitaires. Je l’ai interrogée sur les ressources naturelles de Lorraine. Elle m’a répondu : les mirabelles. Ça a été l’élément déclencheur. Un univers de jaunes se déployait déjà dans mon imagination. Mille mirabelles dans le chœur de l’église, à même le sol, telle a été ma proposition. Et puisqu’avant la récolte, il y a le printemps, cette allée de feuilles, dans la nef, m’est apparue comme une évidence. Je percevais la dimension de labeur qui s’ouvrait devant moi. Un travail qui allait s’échelonner dans le temps et qui allait me permettre de poursuivre mes recherches autour des répétitions et des variations. Mirabilis a mis deux ans à éclore.
La mirabelle est le fruit emblématique de Lorraine et bénéficie d’une indication géographique protégée, IGP. À Metz, elle est célébrée chaque année au mois d’août, avec une première édition en 1947 et une pérennisation à partir de 1954.
PL : Des souvenirs de contemplation, de récolte et de dégustation de ces fruits peuvent surgir en regardant vos œuvres, au sol… Quelles références ont nourri votre travail artistique ?
CH : La rencontre avec les visiteurs messins découvrant Mirabilis a été particulièrement émouvante. La mirabelle constitue leur patrimoine naturel. Nombreux sont ceux qui ont eu envie de partager leurs souvenirs d’enfance ; des moments de cueillettes, de saveurs. Nombreux sont ceux aussi qui savent que les récoltes sont hasardeuses et précieuses. Certaines années sont marquées par des gelées tardives. Pour que les fruits arrivent à maturité, il y a tout un ensemble de facteurs climatiques qui jouent un rôle essentiel.
Ce qui a accompagné, nourri ce travail artistique, c’est avant tout l’observation de la nature. J’ai essayé de me placer au plus près d’elle, de vivre à son rythme, d’avancer peu à peu. J’aurais envie de dire qu’elle a été ma seule référence.
Au commencement, il y a eu la récolte des mirabelles. Puis la phase de moulage, suivie par celle du plâtre. Enfin je les ai peintes une à une, en m’évertuant à reproduire toutes leurs variétés de couleurs. Mais bien que certains visiteurs puissent avoir l’illusion d’être face à de vraies mirabelles, je n’ai à aucun moment eu la prétention d’égaler la nature. Car quoi de plus beau qu’un véritable parterre de fruits tombés d’un arbre ? La pérennité, c’est peut-être ce que je leur ai apporté. Alors que les cueillettes de demain sont incertaines, mes mirabelles resteront mûres au fil des saisons. L’allée de feuilles sera toujours d’un vert printanier, comme si un avenir était encore possible. Et puis, il y a cet écrin, l’église des Trinitaires.
PL : Vos œuvres témoignent d’un long travail méticuleux, délicat de façonnage, puis de positionnement. De quelle façon l’architecture des Trinitaires vous a-t-elle guidé dans la mise en scène de cette installation ?
CH : L’architecture d’une église répond à des lois précises. Son orientation, la délimitation et le rôle des différents espaces ne sont pas laissés au hasard. Tout est savamment pensé. Et c’est en pleine conscience de la valeur architecturale et symbolique des Trinitaires que j’ai investi ce lieu.
Les feuilles vertes sont disposées dans la nef. Elles se situent dans le champ accueillant les fidèles. Nous sommes du côté de l’humain. J’ai voulu donner la sensation d’un alignement parfait. Les écarts entre chaque feuille sont millimétrés. Comme si les futurs printemps ne se construiraient pas sans effort.
En revanche, dans le chœur où se déploient les mirabelles, plus de mesures. Les fruits donnent l’impression d’être tombés de l’arbre de manière aléatoire et forment une constellation inversée. Nous sommes dans l’espace sacré, surélevé. Celui dans lequel les fidèles ne pénètrent pas, pas plus que les visiteurs. La mère nature donne à voir son offrande. On peut s’en rapprocher, mais pas y accéder.
PL : En ce début de printemps, l’installation amène à regarder au sol, plutôt que vers le ciel. Les fruits sont déjà tombés de l’arbre et il suffit de s’arrêter pour percevoir la diversité de leurs formes et couleurs. Quelle sensation souhaitez-vous provoquer chez le visiteur qui découvre l’exposition ?
CH : Porter son regard vers le sol, c’est porter son regard vers la terre, là où les choses prennent racine.
Pour le visiteur qui entre dans l’enceinte des Trinitaires, je crois qu’il y a en premier lieu un appel de la couleur. Une vingtaine de mètres le sépare encore du chœur de l’église, mais il est naturellement attiré par le jaune des mirabelles. Alors il avance. Et puis quelque chose l’arrête ou du moins le ralentit. Il découvre le grand rouleau de feuilles. Elles sont là, au nombre de deux milles, pointant vers le ciel, de petites tailles, quelques centimètres à peine, humbles et fragiles. Progressivement il se rend compte du labeur. Et en reprenant sa marche, son rythme n’est plus le même.
Mirabilis est une invitation à la lenteur. Il y a un chemin à parcourir avant de parvenir aux récoltes. Prenons le temps de le contempler. La nature est généreuse, choyons-la. Et puis, essayons de rester modeste face à elle. N’oublions pas que notre vie en dépend.
PL : L’installation relève d’une certaine patience, d’une attention à chaque détail, d’où l’expérience d’un émerveillement face à l’agencement subtil des fruits et feuilles du mirabellier. Nous sommes ainsi invités à prêter attention à la beauté ainsi qu’à la fragilité des arbres fruitiers… Comment vous positionnez-vous en tant qu’artiste vis-à-vis des enjeux liés au changement climatique ?
CH : Bien que la plupart de mes œuvres donnent à voir une lueur d’espoir, je reste très pessimiste face aux enjeux liés au changement climatique. Le rapport du GIEC est on ne peut plus alarmant. La question environnementale devrait être une priorité au niveau mondial. Les dommages créés par l’humain sont hélas irrémédiables. Et que faisons-nous ? Au niveau européen par exemple, l’autorisation de la mise en culture des terres en jachères à des fins productives est proprement scandaleuse. La terre a besoin de repos.
Alors oui, je suis pessimiste. Mais j’essaie tout de même à travers mes créations de sensibiliser le public à cette question du devenir de notre planète.
La nature est précieuse. Et parce que je lui porte un amour inconditionnel, je continue à vouloir lui rendre hommage.
Mirabilis, une exposition de Cécile Hug proposée la curatrice Viviane Zenner, un projet de la galerie Des jours de lune, hors-les-murs.
A découvrir jusqu’au 8 mai à l’église des Trinitaires, Metz
CÉCILE HUG, LA FANEUSE
EN DIRECT / EXPOSITION LA FANEUSE DE CÉCILE HUG, ICI GALERIE PARIS
PAR CLARA PAGNUSSATT, COMMISSAIRE D’EXPOSITION INDÉPENDANT
2 André Theuriet La Maison des deux barbeaux, 1879
3 Jean-François Millet Des glaneuses, 1857 ; Jules Bastien-Lepage Les foins 1877
4 Giuseppe Penone Respirer l’ombre 1999, Centre Pompidou
[1] Peter Szendy, Écoute, une histoire de nos oreilles, Paris, Éditions de Minuit, 2001.
[2] Starhawk, Rêver l’obscur. Femmes, magie et politique, Paris, Cambourakis, 2015, p. 39.
France Culture
Le 12 décembre 2015
Cécile Hug
L'immensité du seuil.
Texte de Virginie Megglé, écrivain, psychanalyste
Cécile Hug, artiste plasticienne - L'entre jambe
L'entre jambe, au fil des sensations
Être, c’est devenir, c’est se dire, c’est créer, c’est oser
Vivre c’est éprouver, c’est expérimenter
La révélation du sexe féminin et son inscription toute féminine dans le monde de l’art, c’est par touches sensibles qu’elle y procède, avec une sorte d’espiègle ingénuité et un sourire confondant de tendresse qui laissent paradoxalement percevoir sa détermination et l’ambition de sa démarche! Ingénuité, entendons bien le mot, dans son sens premier : qui relève de la nature, de par sa naissance … Qui procède d’un caractère inné, au même titre que naïf, devenu péjoratif dans la bouche de ceux qui, naturels, ont oublié de l’être, à la faveur de quelque prétention à la supériorité culturelle. Comme si la culture devait supplanter la nature !
Cécile Hug trace par touches minuscules les contours sensibles de ce territoire, nous emmène dans son infinitude et embarque notre regard … à l'écoute de ses bruissements.
Le corps féminin s’invite dans le monde et s’invente…
Psychanalyste écrivain
Septembre 2014