L'encyclopédie pratique des mauvais genres





France Culture
Une interview de Céline du Chéné
Entrejambe, clématites et insectes frétillants de Cécile Hug

Le 12 décembre 2015



Parterre d'Oreilles - Anne Perré Galerie



Matricis - Écoutes fertiles

« L’écoute est peut-être l’activité la plus discrète qui soit.
C’est à peine une activité : une passivité,
une manière d’être affecté qui semble vouée à passer inaperçue.
Quelqu’un qui écoute, ça ne s’entend pas. »[1]


Visible depuis le parvis, dans l’espace étroit de la vitrine, un parterre d’oreilles semblable à un parterre de pâquerettes campe le sol de la galerie. À l’image de la Bellis perennis, cette petite plante au cœur jaune et à la corolle blanche qui se multiplie aux premières lueurs du printemps, les oreilles de Cécile Hug portent en elles cette puissance d’auto-engendrement. De même que la pâquerette n’est pas une fleur, mais un « capitule », dont chacun des pétales constitue une fleur en soi, tout comme l’est chacun des très fins tubes formant son cœur – les premières étant femelles et les secondes hermaphrodites –, les oreilles de Cécile Hug apparaissent comme la matrice d’un système fécond. Moulées sur l’oreille gauche de l’artiste et constituées de plâtre, de silicone, de maïzena, de pigments, de dentelle, de laine, de végétaux, ou de plumes, les oreilles évoquent, par leur cavité et leur composition, des archétypes féminins. Sexe de femme comme le sont les fleurs, matrice fertile comme l’est l’écoute au monde. Car si l’alliance forme / matériaux reste associée à la femme, dans ce qu’elle aurait de premier, de nourricier ou de délicat, le geste de Cécile est bien davantage une manière de ritualiser la reproduction, qu’elle soit biologique ou technique – moulée à l’identique et pourtant chaque fois différente. Ce protocole de ritualisation devient ainsi une invitation vers des forces supérieures, quoique tapies au ras du sol, comme le sont précisément les pâquerettes. Elles exaltent un « pouvoir par le bas »[2], un pouvoir qui vient du-dedans, de l’obscur, de la terre.
Discrètes et matricielles, les oreilles, sièges du sens de l’ouïe, jouent un rôle important dans l’équilibre, à l’instar de la « mère » dérivant du latin matricis. Aussi apparaissent-elles comme un élément susceptible de fournir un appui, une structure, servant à reproduire, guider ou créer. De la mère à la mer, Cécile Hug réactive son installation le Corps orchestre initialement accompagné d’une bande sonore. Se bouchant les oreilles de ses mains, l’artiste fait de son corps et de ses entrailles une symphonie silencieuse qui se déploie dans l’espace ambiant. Le bruissement intérieur – les pulsations, les battements du cœur, le sang qui fuse ou le désir qui monte –, celui qui nous accompagnait alors que nous étions lovés dans le liquide amniotique, se fait l’écho du chaos chuchotant qui habite le monde. Le symbole de la fleur se détache de son caractère passif, comme l’est celui qui entend. Il prend une capacité de transformation, d’écoute de soi, de l’autre et du monde.
De Nietzsche à Derrida, la pensée est une question d’oreille, de finesse d’écoute, d’attention et d’ouverture, comme la vulve ou la fleur qui, réceptives, accueillent la chaleur du soleil, le souffle du vent. Comparée à l’œil, Nietzsche disait de l’oreille, qu’elle donne accès à « une tout autre conception, merveilleuse, du même monde ».

Marion Zilio

[1] Peter Szendy, Écoute, une histoire de nos oreilles, Paris, Éditions de Minuit, 2001.
[2] Starhawk, Rêver l’obscur. Femmes, magie et politique, Paris, Cambourakis, 2015, p. 39.



Salon du dessin érotique, Salo IV


L'aisselle et le téton 1, © cécile hug

À juste courbe, © cécile hug

L'aisselle et le téton 2, © cécile hug

Spermatozoïdes à la ligne (les recalés), © cécile hug

L'immaculée conception, © cécile hug

Photo de Corine Borgnet

Cérémonie des menstrues de la déesse de Paul-Armand Gette




Cérémonie des menstrues de la déesse de Paul-Armand Gette
Naples 2016
Avec Paola Daniele, Cécile Hug, Elisabetta Weglik, Raphael Correia Ribeiro
Image et son : Maxime Colin Yves
Montage : Cécile Hug et Maxime Colin Yves

Au Scugnizzo Liberato, Napoli

© Maxime Colin Yves

© Maxime Colin Yves

© Maxime Colin Yves

Eros et Nature à la Chapelle Sainte-Anne à Arles


Féminisme(s) 3
Organisateur : Galerie Joseph Antonin
Commissaire d'exposition : Clémentine Feuillet
Scénographie : Clémentine Feuillet et Guillaume Flageul
Du 13 février au 12 mars 2016


© cécile hug

© cécile hug

© cécile hug

© galerie joseph antonin

À juste courbe

© cécile hug

Spermatozoïdes à la ligne

© cécile hug

Relique d'un bouquet helvète

© cécile hug

L'entre jambe

© cécile hug

© cécile hug

Cécile Hug, vies cachées

De l'art helvétique contemporain

rubrique des arts plastiques et de la littérature en Suisse

Cécile Hug : vies cachées


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Coffret Cécile Hug, « Les dormeurs », Editions Derrière la Salle de bains, 25 E.
Dans l’œuvre de Cécile Hug tout est feutré mais incisif. Sur ou sous des cocons opalins s’inscrit la rythmique de pulsations en sensations satinées. La brèche enchantée par ces échappées de charme se fait fruit de la passion, huile de perfection ordonnée. Reste la symbiose fantomatique en bouquet d’étoiles, en filaments discrets ou courses d’animalcules en une infinie liberté ou un appel à disparaître.

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Chaque image est un soupir et rapproche d’instants virtuels mais magiques. Les dérobades enlacées bâtissent la fragilité bercée dans un nid de tendresse. Reste une moelleuse histoire énigmatique. Elle trouve ici l’équinoxe au milieu  d’images limpides. Elles s’envolent vers les abysses. Une fois de plus il s’agit de glisser hors du temps sur l'instant d'une fébrile permanence. Haletant le souffle embrasé se réduit, le coeur se déshabille. Les émotions incandescentes croustillent sur un fond de vie cachée.

Jean-Paul Gavard-Perret

Boîtes Adieu ne plaise


© cécile hug


Entrar en calor

© Oriol Sanchez

© Oriol Sanchez

© Oriol Sanchez

© Oriol Sanchez

© Oriol Sanchez