Séance avec Camille Moravia


© camille moravia
© camille moravia






Cécile Hug par Camille Moravia


S’approchant de Cécile Hug, Camille Moravia garde une certaine distance. Son audace est autre : suggérer par les pauses de son modèle tout ce que celle-ci « dit » en son œuvre plastique. Là où Cécile Hug segmente et métaphorise, Camille Moravia reste au plus près du réel et de sa crudité. Le modèle ne  baisse pas les yeux. Le face-à-face joue d’une certaine neutralité pour éviter tout débordement de l’affect. Cécile Hug place son bassin, suit les indications de la photographe, longe un mur, épouse presque un angle : de mort il devient vivant.


Chaque prise reste de l’ordre de la caresse, de l’aporie, de la pudeur. Bien malin qui pourrait oser des hypothèses sur les liens qui rapprochent les deux artistes - sinon une admiration mutuelle mais qui renonce à toute effusion. Cécile Hug semble parfois presque empruntée (mais l’artiste n’est pas de celle qui s’affiche) : Camille Moravia en « profite » pour capter une force tranquille et une fragilité émotive. L’image dit ainsi ce que les mots ne peuvent montrer. La photographe regarde son modèle, le modèle fixe son opératrice -  entendons par ce mot celle qui crée l’ouverture. Pour autant aucun bijou ne sera ravi.

Jean-Paul Gavard-Perret